Un jour, j’ai osé …
A 15 ans j’avais 3 rêves, les trois s’exprimant dans le domaine de la création artistique. Il s’agissait pour moi de rêves puisque rien ne m’y disposait. Je portais une grande admiration pour ce que les artistes pouvaient faire. Imaginer, faire rêver, enthousiasmer, provoquer, susciter de l’émotion, créer du Beau … . Ces domaines m’ont longtemps paru inaccessibles, ou du moins je les croyais inaccessibles pour moi. D’ailleurs, rien ni personne ne m’y encourageait et même au contraire. Mais je me souviens très bien avoir dit à une amie de lycée : un jour je peindrai et ce sera avec mes doigts.
En novembre 2013, à 42 ans ( il s’en est passé du temps !) je ressens enfin le besoin de laisser exprimer ce qu’il y a en moi. C’est physique et foudroyant. J’ouvre la porte. J’ose un soir me rendre dans un magasin de fournitures de beaux arts et revenir à la maison avec ce qui me semblait le matériel adéquat pour peindre: une grande toile blanche, des pinceaux et de la peinture. Il n’y a plus qu’à …. sauf que …peindre quoi ? et puis comment ? … La question n’était pas là … elle se positionnait plutôt sous l’angle de peindre pour quoi ? Je n’y connaissais rien ou du moins sur l’aspect technique mais le désir était si grand.
Le soir même me voici dans mon garage, éclairé par une simple lampe au plafond, le châssis accroché à un établi, deux polaires sur le dos et un bon bonnet, le matériel au sol et me voici à projeter de la peinture dans des mouvement frénétiques et amples. J’avais besoin de m’exprimer. Le travail est terminé, je découvre ce visage aux yeux écarquillés qui me regarde et me lance: on y va ? J’ai fait mon premier tableau … Et là oui, c’est parti. Une production boulimique, une première exposition encouragé par famille et amis, des retours concluants et encourageants et surtout l’impression que je touchais en moi quelque chose qui me dépassait, une puissance énergétique intériorisée au service de la création. C’était possible. Je réalisais un rêve. Autodidacte jusqu’au bout des doigts, n’ayant jamais tenu un pinceau, ne sachant dessiner, j’invente mes outils, mon langage. Je frotte, caresse, gratte avec des spatules, du carrelage, mes doigts, ce que je trouve à portée de main et je laisse parler mon corps. Le choix des couleurs se fait par intuition sur le mode « j’y pense, j’y vais ». Pas de questions alambiquées pour savoir si cela va avec cela, si ce serait mieux de ou moins bien si … Tout est mouvement, énergie, spontanéité. Un tableau est terminé quand je sens que mon corps et mon coeur me le disent. Je sens que je touche à ce qui me constitue, ce qui me fait vibrer, cette fameuse notion de flow. Les heures s’enchainent, les tableaux aussi, les thèmes changent, les pratiques aussi, le discours évolue, les sensations aussi, l’énergie est intense et s’exprime de manière différente. L’espace d’expression que je m’octroie est ouvert. Tout est possible.
Je découvre par hasard une nouvelle approche nécessitant un nouvel outil. La bascule est totale. Je dois réinventer autre chose. le travail n’est plus le même, le rythme prend une autre place. Je vibre à créer quelque chose de nouveau. Une exposition comme jalon pour passer à autre chose. Le mouvement est toujours là. Je teste, je ressens, j’apprends, je poursuis, je recommence et ainsi de suite. A chaque fois je me découvre et avance.
Ceci est un exemple parmi d’autres. Il s’agit juste de mon témoignage, de la manière dont je vis une composante constructive chez moi. Je le présente car je peux en parler de l’intérieur, je le sens vibrer en moi.
Cette capacité à exprimer ce qui nous anime au plus profond de nous, nous l’avons toutes et tous. Comment l’exprimer ? oser, oser, ne pas avoir peur de remettre en cause certaines croyances, certaines valeurs, certaines opinons, les siennes, celles des autres. Se confronter à soi et aux autres au service de ce qui nous anime est un exercice si enrichissant, si apprenant et parfois si apaisant. Nous sommes des êtres d’expression et de créativité, les applications sont infinies et tous avons la possibilité de nous connecter à quelque chose de plus grand que nous. Osez, osez, osez vous y connecter, c’est source de bonheur, de bien être et d’un apprentissage permanent.
Au fait, si cela vous dit, voici le site où retrouver mes travaux :+) www.ludovicpessin.com