On évite le bug ?
Enki Bilal vient de nous livrer le deuxième opus de « BUG ». Avec son immense talent, il vient dépeindre (voire peindre pour certaines planches) un monde techno-vacillant à l’horizon 2041. Un monde qui connait une crise mondiale, un immense chaos avec la perte de toutes les données numériques.
Cette sortie arrive après celle de » Les Furtifs » d’Alain Damasio ou encore de « Transparence » de Marc Dugain mais aussi de « L’humanité en péril » de Fred Vargas. Il y a dans l’air quelque chose qui relève du cri d’alarme en ce moment, non? Cri d’alarme évident sur les enjeux climatiques mais aussi ce que nous pourrions devenir si des sujets aussi puissants que l’éthique, l’humanisme, le transhumanisme, les modèles économiques, le rapport au pouvoir, le partage des richesses ne sont pas débattus.
Nous sommes tous questionnés et avons tous un rôle à jouer. Les individus-chacun à son niveau et dans sa capacité à transformer et se transformer, les entreprises-dans ce qu’elles produisent comme valeur, les territoires par leur capacité à animer des espaces cohérents et responsables, les états … etc. Les pouvoirs évoluent aussi, les collectifs se créent et se font entendre, les entreprises s’impliquent et prennent la main sur certains transformations sociétales- certains groupes étant plus puissants que certains états. Les lignes et les frontières bougent non pas sans heurts et parfois certaines douleurs. Nos repères, valeurs, croyances sont tellement bouleversés que nous avons besoin aussi de recul et de capacité à animer notre sens critique. Des espaces peuvent émerger, réels ou virtuels avec pour vocation d’ouvrir les esprits à ces transformations. Les changements de paradigme sont parfois abrupts et vont nécessiter de nouvelles pratiques de vie. Cela veut aussi dire que notre capacité d’adaptation va être de plus en plus souvent questionnée.
Le besoin de confiance en chacun, en ce qui fait collectif va être primordial. L’état d’esprit dans lequel nous nous mettons pour aborder ces changements va être déterminant. Eviter le bug, c’est aussi se mettre en disposition mentale adaptative, accepter que le mouvement est permanent et rapide et qu’il faille construire ou déconstruire continuellement. Cela est possible et se travaille. Ce n’est pas facile mais cela facilitera grandement ce temps de changement et de construction de ce qui pourrait être aussi bien plus beau que les scénarios d’anticipation alarmants.